Les PICM, de 2014 à aujourd’hui

Cette année, les Permanences Info-Conseil Migration célèbrent leur dixième anniversaire. Retour sur une décennie marquée par l’engagement, l’adaptation et le développement d’un service social de proximité décentralisé.  

L’histoire des Permanences Info-Conseil Migration (PICM) remonte à 2014. Dans le cadre du premier Programme d’intégration cantonal (PIC), le Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme (BCI) confie au CSP Vaud le mandat de renforcer, en collaboration avec les communes, la qualité de l’accueil des personnes migrantes nouvellement arrivées dans certaines régions du canton de Vaud, ou y séjournant, et le finance. Le projet est notamment d’améliorer l’accessibilité à l’information et au conseil dans les régions décentralisées du canton. La première permanence sociale régionale ouvre à Payerne, pour la Broye vaudoise relativement éloignée de Lausanne. Elle est fondée sur le modèle des permanences proposées à Lausanne depuis plusieurs décennies par l’équipe de La Fraternité, le service social pour les immigré·e·s du CSP Vaud. Après un état des lieux des besoins et souhaits dans les autres régions du canton, deux nouvelles permanences ont pu être ouvertes en 2016, celles d’Orbe pour le Jura-Nord vaudois et de Renens pour l’Ouest lausannois, étendant ainsi l’accès à cette prestation régionale.

 

Un développement régional soutenu par des besoins croissants

En 2017, le bilan établi sur la base des premières permanences et de l’analyse des besoins fournit un cadre propice à l’élargissement du cadre d’action du Canton. La collaboration avec La Fraternité est renouvelée, et le mandat est étendu à l’ensemble du territoire. Un poste dédié à ce travail de mise en place, de réseautage et de pérennisation des permanences dans tout le territoire vaudois est donc créé au sein de La Fraternité.

Au fondement du développement de ce modèle, pas de recette miracle, si ce n’est un intensif travail de réseau avec le tissu associatif et politique local. Comme le souligne Alfonso Concha, chargé de projet et coordinateur Info-Conseil Migration à La Fraternité : « Dans le cadre du travail de promotion des permanences, nous sommes en lien avec le réseau local afin d’améliorer la prise en charge des usagères et des usagers ». Outre la subsidiarité avec le tissu associatif local, ce travail de terrain a pour effet de mettre à mal certains préjugés : « J’ai été surpris de trouver une précarité massive à certains endroits, notamment dans les régions de la Riviera et la Côte. Bien sûr, il y a quantité d’expatrié·e·s dans ces régions, mais on trouve aussi des salarié·e·s au statut précaire », relate le travailleur social.

 

Répondre à la complexité croissante des situations

Depuis dix ans, les PICM se sont adaptées à une complexification des parcours individuels, qui va de pair avec la juridiciarisation du système. Cette situation exige une information fine sur les différents régimes, les obligations qui en découlent et un accompagnement personnalisé : « En dehors des permanences, on propose des suivis individuels et ce que l’on observe c’est que les situations se complexifient, mais ce n’est pas propre aux PICM, c’est un constat général. Je pense en particulier à un père de famille, qui avait un permis F et était suivi par l’EVAM et qui a trouvé un travail lui permettant de changer de statut. À l’obtention du permis B, il est donc passé d’un accompagnement par l’EVAM au régime des PC familles cantonal, où il ne bénéficie plus d’un suivi par un·e assistant·e social·e. Ce changement de régime implique des changements administratifs conséquents et aucune structure n’accompagne les personnes dans cette transition (p. ex passage de l’assurance maladie collective à l’assurance maladie individuelle). Ce passage d’un régime à l’autre nécessite une compréhension approfondie du système, ce que les acteurs sociaux ne sont pas toujours en mesure d’offrir. »

 

Générer un impact durable sur les territoires

En dix ans, les PICM ont su répondre à différents défis tout en restant fidèles à leur mission initiale : offrir un service social de proximité et une primo-information aux populations migrantes. Alors que les défis liés à la migration et à l’intégration continuent d’évoluer, les PICM se tiennent prêtes à adapter leurs services pour répondre aux besoins des populations qu’elles soutiennent. Cette décennie marque le point de départ d’une nouvelle phase, toujours tournée vers l’écoute, l’accompagnement et l’innovation sociale. Les quatre prochaines années inscrites sous le sceau du 3ème Programme d’intégration cantonal (PIC III) seront consacrées à la consolidation et au renforcement du dispositif existant.

 

Les PICM en chiffres :

  • 2014 : ouverture de la première PICM à Payerne (Broye)
  • 2016 : ouverture des PICM d’Orbe (Jura-Nord vaudois) et de Renens (Ouest lausannois)
  • 2018 : ouverture de la PICM de Clarens (Riviera)
  • 2019 : ouverture de la PICM d’Aigle (Chablais)
  • 2020 : ouverture de la PICM à Nyon(La Côte) (permanence plus active)
  • 2021 : ouverture des PICM mensuelles à Châteaux d’Œx, Cossonay (Gros-de-Vaud), Vallée de Joux (Jura-Nord vaudois) et Echallens (Gros-de-Vaud). Ces permanences mensuelles ont dû être fermées en 2023, par manque de fréquentation.