La précarité en temps de crise: témoignages

Comment les personnes que nous suivons vivent-elles les crises successives? Quatre d’entre elles témoignent dans le journal de mars commun aux quatre CSP (Nouvelles).

Regina* (prénom fictif) est une jeune artiste, qui s’est débrouillée pendant toutes ses études pour vivre. Avec la pandémie, elle a perdu une partie de ses jobs d’étudiante. Venant d’une famille modeste et disposant d’une bourse minuscule, elle a toujours appris à vivre peu. Ayant fait l’expérience de remplacements, elle entame une nouvelle formation pour devenir enseignante. Mais cette fois, la bourse lui est refusée: pas de financement pour une deuxième formation, alors même que celle d’enseignante suppose d’avoir un master au préalable… « Les crises de ces dernières années sont difficiles à vivre. On se trouve dans un état de confusion et de doutes, on a l’impression qu’on n’en sortira pas. » Le CSP Vaud l’assiste dans ses démarches de demande de bourse et lui a permis de toucher des subsides d’assurance maladie.

Aida travaille comme femme de ménage auprès de plusieurs employeurs privés. Elle a perdu des heures de travail pendant la pandémie. La plupart de ses employeurs ont suspendu le versement de son salaire et elle a donc dû emprunter de l’argent pour pouvoir survivre. « J’ai fait remarquer à mes employeurs qu’ils ne respectaient leurs obligations. Ils ont accepté finalement de me payer l’équivalent d’un mois de salaire. » Sa principale préoccupation était de pouvoir payer son loyer et sauvegarder un toit pour elle, ses trois enfants et sa petite-fille. Aujourd’hui, elle continue de devoir rembourser ces dettes privées. Le CSP Genève l’aide notamment à accéder aux aides auxquelles elle a droit.

Comme bien d’autres personnes qui s’adressent au CSP, Daniel* (prénom fictif) cumule les infortunes depuis plusieurs années. Un divorce long et coûteux l’amène à consulter le CSP Neuchâtel. Même s’il travaille à plein temps, il doit trouver des arrangements de paiement, notamment pour des factures d’électricité et d’assurance maladie. Endetté auprès des impôts, le CSP Neuchâtel l’aide à élaborer un plan d’assainissement. Mais pendant le Covid appariassent de nouvelles difficultés. Il tombe sérieusement malade et ne parvient pas à payer les frais de santé. Il est ensuite licencié de son travail pour motifs économiques, dans un secteur affaibli par la pandémie. Aujourd’hui, Daniel a retrouvé du travail et a réussi à rembourser la plupart de ses dettes. Mais sa situation reste très tendue et il fait attention à la moindre dépense. « Il m’est arrivé de n’avoir que 200 francs une fois mes factures payées, pour payer l’essence pour aller au travail et pour la nourriture. Mais quand je pense à tous les sacrifices réalisés, ce n’est pas pour baisser les bras en cours de route. »

Jean* (prénom fictif) vivait de l’aide sociale avant de pouvoir accéder à une formation et de trouver grâce à celle-ci un travail. Mais en tant que père divorcé, avec une fille ado à charge, impossible de faire face à toutes ses charges. Il s’endette. C’est pour sortir de l’endettement qu’il se tourne vers le CSP Berne-Jura, qui l’accompagne dans ce processus long et difficile, l’éclaire sur ses obligations et l’aide à faire valoir ses droits. Grâce à cet accompagnement, il tient bon dans le processus d’assainissement de ses finances. Mais l’inflation actuelle complique les choses. « Dans les supermarchés, c’est devenu très difficile, les augmentations touchent tous les produits. En plus, avec une fille ado à la maison, qui a envie de faire les mêmes activités que ses amies, c’est parfois compliqué. »

 

Découvrez leurs témoignages en entier dans Les Nouvelles de mars 2023.