Proche du CSP depuis 60 ans

C’est un lecteur attentif du journal Les Nouvelles, qui garde un grand attachement pour le CSP. Jean-Pierre Freymond, 88 ans, a le regard alerte et franc. Il revient sur une décennie d’activités au CSP, et un demi-siècle de compagnonnage.

C’est en 1962 que Jean-Pierre Freymond franchit la porte du CSP en tant qu’assistant social stagiaire. Il y travaillera pendant dix ans, notamment sous la direction du cofondateur de l’association, le pasteur Raynald Martin.

« Raynald Martin s’intéressait au téléphone. C’est lui qui a créé La main tendue en 1959. Il a aussi fondé ce qui deviendra la Fondation Nicolas Bogueret (FNB), en ouvrant un logement au boulevard Carl-Vogt pour les mères célibataires et les personnes âgées. Pendant mes dix ans au CSP, je me suis notamment spécialisé dans les questions de logement et d’endettement. »

Famille expulsée

Jean-Pierre Freymond se souvient en particulier d’un de ses premiers « clients » : « C’était en plein mois de novembre. Une famille avait été expulsée de chez elle, on l’avait posée sur le trottoir avec ses meubles. À l’époque, le problème du logement à Genève était déjà ce qu’il est aujourd’hui. En guise de protestation, cette famille s’est installée sur la plaine de Plainpalais. La Tribune de Genève, qui sortait alors deux éditions par jour, y a consacré sa manchette de midi. À 14h, une régie lui avait trouvé un appartement ! »

Cette première action marquera durablement l’engagement de Jean-Pierre Freymond. C’est ainsi qu’il développera son travail dans le domaine du logement, en partenariat avec les régies : « On recherchait des solutions ensemble, on était presque devenu des collègues ! », se souvient-il en souriant. Il se remémore aussi un voyage organisé par le CSP dans les années ’60 : « Une partie des équipes est partie en Hollande pour y étudier des solutions de logement. Ils avaient de l’avance sur nous, par exemple en matière d’habitations mixtes ».

Immeuble de la FNB au boulevard Carl-Vogt (photo DR)

 

Collaboration avec les médias

C’est aussi à cette époque que Jean-Pierre Freymond développe un travail en direction des médias locaux. La Suisse, le Journal de Genève, la Tribune de Genève, Le Courrier…Les quotidiens étaient alors plus nombreux dans le canton. « On pouvait avoir des contacts personnels avec les journalistes. Ils avaient plus d’autonomie et étaient ouverts à recevoir quelque chose de nouveau. »

C’est ainsi que Jean-Pierre Freymond fera régulièrement paraître une chronique dans les colonnes de La Suisse. « Ils tiraient à 90’000 exemplaires, c’était pas mal pour l’époque ! » Dans ses articles, il propose aussi bien des comptes rendus de conférences que des conseils aux lecteurs : que faire en cas de menace d’expulsion ? Comment toucher des prestations complémentaires ? « J’ai eu beaucoup de liberté pour couvrir les sujets que je voulais. »

Engagé jusqu’à ce jour

En 1972, Jean-Pierre Freymond quitte le CSP pour réaliser un voyage d’un an au Japon. À son retour, il est engagé par le Bureau central d’aide sociale (BCAS) : « À l’époque, l’Hospice général ne s’occupait que des Genevois. Toutes les autres personnes étaient adressées au BCAS, qui regroupait 5000 dossiers, candidats à l’asile inclus. En janvier 1981, l’aide sociale dans son ensemble a été confiée à l’Hospice général. C’était une période très agitée, avec le parti Vigilance qui était encore plus à droite que ne l’est aujourd’hui le MCG ».

À sa retraite, en 2000, Jean-Pierre Freymond est resté un grand actif. Outre l’ascension du Mont-Blanc, qu’il a réalisée à plusieurs reprises (!), il dédie un jour par semaine en tant que secrétaire au Bureau des familles, dont les fonds sont venus en aide à des milliers de personnes, parmi lesquelles des consultant·es du CSP. En mai 2023, cette structure mettra la clé sous le paillasson, faute de moyens. « Je vais enfin prendre ma retraite définitive ! », relève Jean-Pierre Freymond.

Son regard qui pétille laisse penser qu’il n’en sera rien. Merci à lui pour ces années de compagnonnage !