Article: Ajour 09.05.2023

Sources: https://ajour.ch/fr/story/78081/bienne-des-consultations-pour-sortir-du-pige-de-lendettement

Bienne: des consultations pour sortir du piège de l’endettement

 

Honorine Allimann, responsable du secteur social et dettes au Centre social protestant Berne-Jura (CSP), souligne la complexité de sortir du piège de l’endettement, rappelant qu’il peut engendrer des conséquences durables et difficiles à surmonter.

Honorine Allimann, vous aidez les personnes qui ont des difficultés personnelles, financières ou sociales. Qui avez-vous conseillé dernièrement?

Récemment, une cliente a reçu un commandement de payer issu d’un acte de défaut de biens délivré lors de sa faillite. Elle a parfaitement réagi en faisant opposition à l’injonction de payer, car sa situation financière ne s’améliorait pas. Elle a toutefois reçu l’ordonnance du tribunal et a été invitée à payer l’avance de frais dans un délai de dix jours et à présenter ses observations et les preuves y afférentes.

Comment avez-vous pu l’aider?

Elle a dû agir rapidement et fournir de nombreux justificatifs en rapport avec sa situation économique et personnelle. Il est crucial que les personnes accompagnées lors d’une faillite personnelle sachent qu’elles peuvent toujours compter sur notre soutien en reprenant contact avec nous.

Pour une première prise de contact, vous proposez une permanence téléphonique au cours de laquelle des travailleurs sociaux répondent aux questions. À partir de quel montant d’endettement les gens se manifestent-ils?

Je ne pense pas qu’il y ait un seuil à partir duquel les gens font appel à notre aide. C’est très personnel et cela dépend de la manière dont la personne concernée ressent la situation en question. Nous entendons des histoires de vie émouvantes et très variées. Nous ne pouvons donc pas dire qu’il y a un seuil à partir duquel les gens font appel à nous. Mais nous pouvons constater que toutes ces personnes souffrent d’une forme d’insécurité, qu’elle soit économique, sociale ou professionnelle.

Quel est le seuil d’inhibition pour demander de l’aide?

La plupart du temps, les personnes concernées ont déjà essayé de trouver des solutions par elles-mêmes, mais elles ont le sentiment de ne pas pouvoir aller plus loin. C’est souvent un événement de la vie qui pousse les gens à s’adresser à nous – un enfant, un déménagement ou une demande de permis de séjour. Les dettes s’avèrent alors être un obstacle conséquent. Il arrive aussi que des personnes nous contactent sur recommandation d’un autre service.

La journée de la pauvreté à Bienne

  • La Ville de Bienne et l’association faîtière des institutions sociales de Bienne et de la région organisent ensemble la «Journée d’action contre la pauvreté et la précarité». Celle-ci aura lieu le jeudi 11 mai à la place Centrale.
  • Le CSP Berne-Jura propose des consultations sociales, juridiques, conjugales et familiales dans le Jura bernois et à Bienne. Il dispose également de boutiques de seconde main, d’un service de ramassage et d’un secteur de réinsertion professionnelle et sociale par l’emploi et la formation.

La gestion de budget et la réduction de l’endettement sont la spécialité de CSP – peut-on échapper au piège de l’endettement en établissant le bon budget, est-ce vraiment si simple?

Non, ce n’est pas simple. Les personnes surendettées se trouvent dans un environnement socio-juridique complexe. Elles font l’objet de poursuites, perçoivent des prestations sociales, ont peut-être des dettes fiscales. Elles doivent donc effectuer de nombreuses démarches administratives qui peuvent les décourager. L’établissement d’un budget n’est qu’un reflet de la situation globale. Un budget de désendettement est un outil qui résulte de plusieurs mois d’accompagnement, d’écoute et de conseils, de démarches administratives et juridiques. En tout cas, pour les personnes concernées, appeler notre service de conseil est déjà un grand pas important.

En combien de temps ressentez-vous un changement?

Après plusieurs rendez-vous, on peut tout de suite ressentir la motivation des personnes pour s’en sortir. Il est certain qu’il est plus facile et plus rapide de s’endetter que de se désendetter.

Tout le monde peut-il en principe tomber dans le piège de la pauvreté ou certaines personnes sont-elles plus exposées?

Il existe des facteurs de risque qui vont influencer la probabilité pour une personne ou un ménage de basculer dans la précarité. Il s’agit notamment de vivre dans une famille monoparentale, d’avoir des enfants en bas âge, de ne pas avoir de diplôme professionnel reconnu en Suisse, d’être de nationalité étrangère ou d’avoir des problèmes de santé. Lorsque des personnes sont confrontées à un ou plusieurs de ces facteurs de risque, il suffit parfois d’un élément déterminant dans leur parcours de vie (par exemple un divorce, un problème de santé ou la perte d’un emploi), pour qu’elles se retrouvent dans une situation de précarité.

Lequel?

Il peut s’agir d’un divorce, d’un problème de santé ou de la perte d’un emploi. Avec la situation mondiale et économique actuelle, notamment l’inflation, nous observons une augmentation générale des coûts qui pèse sur le budget des ménages les plus modestes. Ainsi, l’augmentation du coût de la vie, des frais de logement ou des primes d’assurance maladie affaiblit de plus en plus les finances de la classe moyenne inférieure.

Ils seront également présents sur la place centrale lors de la Journée de la pauvreté. À qui souhaitez-vous vous adresser?

Nous nous adressons à toute la population de Bienne et des environs. Nous souhaitons aussi être visibles pour les personnes en difficulté et leur dire qu’elles peuvent frapper à nos portes, nous appeler ou appeler n’importe laquelle des institutions présentes pour obtenir un soutien adéquat.

*Cette interview a été réalisée par écrit.